Nos quelques jours à San Pedro de Atacama étaient censés préparer nos organismes à l’altitude, la ville étant située à 2300m. C’est donc le cœur léger, avec la béatitude des ignorants que nous nous sommes élancés à l’assaut des hauts plateaux pour trois jours de traversée jusqu’en Bolivie pour finir sur le Salar d’UYUNI.
Le Guide Lonely Planet dit : « Ce n’est pas une balade de confort et pour cinq voyageurs endurcis qui la décrivent comme le meilleur moment de leur voyage, il y en a toujours un pour qui ce fût un cauchemar» ce que Sylvie avait bien entendu passé sous silence…
Lors du premier passage en douane, nous avons remarqué dans la file trois petites têtes blondes et nous avons parié que c’était une famille française en voyage. Gagné ! Nous avons fait la connaissance d’Anaïs et Sébastien CAZIN et leurs trois enfants Basile 7ans, Jeanne 11 ans et Malo 12 ans.
Ces nantais voyagent durant 5 mois en Amérique du Sud et nous allons les croiser à de nombreuses reprises durant notre périple andin, jusqu’à lier amitié. Les enfants seront tous heureux lors de ces occasions de pouvoir enfin partager leurs jeux et leurs expériences avec d’autres enfants de leur âge.
Donc, après contrôle douanier, nous sommes allés en bus jusqu’à la frontière chilo-bolivienne.
Dans le vent frisquet et sous un soleil de plomb, nous avons pris place dans un 4X4 Toyota 7 places avec deux chiliens : Ektor et sa fille Elisabetha. Nos quatre très gros sacs sont positionnés sur le toit, enveloppés dans une bâche avec beaucoup de précaution. Nous comprenons bien vite que la poussière sera notre invitée sur les trois jours de traversée. Notre chauffeur, un inca pur jus, s’appelle Miguel et s’avère un pilote très pro,
et il en faudra de l’expérience pour venir à bout des pistes défoncées que nous allons rencontrer. Nous sommes à plus de 4000m en plein désert bolivien et les paysages que nous découvrons sont bien au-delà de ce que nous avons vu jusqu’à présent.
Plus vastes et plus purs que les plus beaux de Patagonie ou de Nouvelle Zélande, ces hauts plateaux sont fantastiques et les couleurs minérales tranchent sur le bleu violent du ciel sans le moindre nuage, c’est impressionnant et beau à la fois. Les seules traces de vie que nous rencontrons sont quelques touffes d’herbe desséchées,
quelques vigognes frêles et élégantes, et des oiseaux lorsque nous nous rapprochons des lagunes dans lesquels aucun poisson ne peut vivre.
La première est la Laguna blanca à cause de sa couleur blanche due au borax un minéral qu’elle contient.
La surface du lac est gelée et donne le ton de la température qui nous attend dans cet environnement sauvage. Le spectacle est magnifique et nous nous félicitons encore une fois de ne pas avoir lésiné sur la qualité des appareils photos car nous prenons un plaisir non dissimulé à photographier cette nature exceptionnelle.
Un peu plus loin nous admirons la Laguna verde, verte à cause de l’arsenic et du sulfate de cuivre qu’elle contient (c’est bien ça Anaïs ?).
Il fait froid mais la beauté des paysages nous fait oublier pour un temps la température, les difficultés de respiration, la compression de nos intestins qui gargouillent, le mal de tête qui pointe et les UV que nous sentons pénétrer notre peau comme des aiguilles chauffées à blanc.
Très vite nous sortons les crèmes indice 50, les lunettes de soleil et les bonnets. Nous sommes entourés de volcans aux sommets enneigés et le paysage est parfois lunaire mais les minéraux ont des couleurs somptueuses.
Nous arrivons jusqu’à une nouvelle lagune magnifique et sur le bord de laquelle une petite piscine d’eau à 35° nous tend les bras. Arthur n’hésite pas une seconde et rentre dans l’eau (zut !), je suis donc obligé de l’accompagner dans cette expérience plutôt fraiche mais rigolote en compagnie d’une bande de jeunes voyageurs anglo-saxons qui font du beat-box dans ce décor incroyable.
Jamais nous ne nous sommes rhabillés aussi vite, brrr !
Nous partons ensuite vers les énormes Rocas de Dali (Ils semblent avoir été disposés par le maître du surréalisme).
Miguel nous concocte un repas en 15mn à l’arrière du Toyota et nous pique-niquons au bord d’une autre lagune magnifique où volent de nombreux flamants roses.
Nous devons être à 5000m et mon mal de tête est maintenant bien installé.
En route, nous rencontrons les CAZIN et le courant passe bien entre nos deux familles. Nous décidons de nous revoir le soir même, sympas les nantais. Nous concluons l’après-midi par la Laguna Colorada aux eaux incroyablement rouge en raison des micro-organismes qu’elle contient.
Le spectacle des flamants sur cette surface rougeoyante est splendide.
Arthur trouvera même un oeuf de flamant rose.
Le premier soir nous nous installons dans un hôtel toujours à plus de 5000m sans chauffage. Comme il fait –15° la nuit je décide de louer des sacs de couchage supplémentaires (ici ils appellent ça des sacs de dormir, marrant comme expression). Nous partageons la même chambre que nos amis chiliens et dès le soleil couché, le froid tombe sur nos épaules sans pitié…
Nous avons dormi tout habillé et ce n’est pas du froid dont nous avons souffert, mais de l’altitude.
Le mal de tête ne nous a pas lâchés de la nuit, ce fut rude et au petit matin personne ne parle dans le 4X4.
Aujourd’hui, nous continuons sur l’altiplano, en admirant un volcan en activité le Tunupa (5432m) qui crache ses volutes de souffre en permanence. Toujours sur le même thème, nous avons approché des geysers brûlants et des cratères de boues volcaniques impressionnants.
Nous franchissons des cols à plus de 5000 mètres, on ne roule que sur des pistes.
Nous déjeunons à l'arrière du 4X4, le chauffeur nous a concocté un bon repas.
Enfin, nous redescendons de plus de 1000m, et nous passons un moment au bord de la Laguna Honda où le spectacle des flamants roses est une fois de plus exceptionnel.
On ne se lasse pas de les regarder, et on mitraille.
Ce soir, nous dormons dans un hôtel construit en briques de sel au bord du Salar d’Uyuni, non chauffé lui aussi. Nous décidons alors de dormir à deux par lit pour nous tenir chaud. Dur, dur la vie de routard !
Heureusement le soleil est constamment là pour nous réveiller et nous partons pour traverser le fameux Salar d’Uyuni qui s’étend sur 12 500 km² d’une blancheur immaculée à 3653 mètres d’altitude.
La couche de sel peut atteindre jusqu’à 10m par endroit. Nous sommes à la rencontre de deux plaques tectoniques qui ont enfermé une mer qui s’est évaporée en laissant le sel.
Là, au beau milieu, nous improvisons des photos en essayant de profiter d’illusions d’optiques que provoque cette étendue de sel, nous nous sommes bien amusés.
Enfin nous arrivons à Uyuni en passant par un cimetière de locomotives et nous laissons les enfants s’éclater en jouant aux chemineaux.
A la sortie du Salar, nous passons devant des ouvriés travaillant à l'extraction de sel, cagoulés pour se protéger du soleil et de la réverbération, ayant comme seul outils des pêles.
Merci aux inventeurs du Nurofen, mais en fin de compte le jeu en valait vraiment la peine.
A bientôt les mouchachos !