Le patchwork culturel de l’île de Pâques était loin de nous donner une image réaliste du Chili tel que nous l’avons découvert à Santiago. Nous avons vite constaté que les chiliens ont une culture très forte et singulière, ce qui nous a séduit profondément dès les premiers jours. Ici, plus aucune influence polynésienne, à part sur les prospectus vantant l’île de Pâques. Le Chili nous semble comme en renouveau, ouvert sur l’extérieur, fier de son histoire que ses habitants redécouvrent eux même en remettant à l’honneur les premiers habitants de cette terre (partout des livres retracent les coutumes ancestrales des indiens au XIX et XX siècle), et fier de sa culture.
Plaza de Armas
Parties d' echec sur la place
En bons français nous sommes d’abord séduits par la cuisine chilienne, excellente, inventive avec tout ce que nous aimons : des tables bien dressées, une vaisselle propre même dans le plus humble boui-boui, toujours de beaux verres à vin dans lequel nous avons continué de célébrer ce fameux cépage oublié dans nos vignobles : le Carminéré, un vrai délice. Les plats sont variés, mêlant quinoa et fruits rouges, viande fondante et plantes aromatiques inconnues, soupes gouteuses et desserts élaborés, avec à chaque fois en amuse-bouche une petite préparation, toujours différente, bref nos papilles sont au firmament ! Même si nous sommes en ville et qu’il faut relativiser notre jugement, nous trouvons les chiliennes féminines voir sexy, bien habillés ainsi que leurs compagnons aux cheveux longs (nous nous sommes plusieurs fois trompés lorsqu’ils sont de dos en pensant qu’il s’agissait des cheveux d’une fille). D’ailleurs nous n’avons jamais vu autant d’amoureux au mètre carré.
Partout les couples s’embrassent, s’enlacent, dans la rue, dans les transports, dans les parcs, nous sommes très loin de la retenue asiatique, australienne ou néo-zélandaise ! Camille fait un tabac avec ses longs cheveux blonds et bouclés et les regards se concentrent sur elle en permanence. La musique est aussi de retour, dans les restaurants, dans la rue
avec les fameux hommes orchestre qui tournent comme des derviches avec leur tambour, c’est unique et prenant.
Vivement le tango… L’immersion totale dans la langue espagnole que nous ne maîtrisons pas rajoute au dépaysement, ce qui nous réjouis tous les quatre. D’ailleurs Camille et Arthur ont très vite d’eux-mêmes cherchés à comprendre et à parler espagnol. Toute la culture chilienne est résumée dans les maisons du poète Pablo Neruda dont nous avons visité une des trois demeures (les deux autres sont à Valparaiso et à l’Isla Negra).
En appréciant tous les objets qui s’y trouvent, ramenés de tous les pays qu’il a traversés en tant qu’ambassadeur y compris à Paris, nous rafraichissons notre mémoire sur l’histoire récente et les périodes Allende et Pinochet.
Ce poète est vraiment une idole ici, et ses maisons la première attraction touristique, les chiliens n’ayant pris conscience que très récemment du potentiel touristique de leur pays. Même si nous ne pouvons voir la Cordillère des Andes toute proche à cause de la pollution qui sévit dans cette très grande ville, nous sommes bien conscients que nous sommes en zone montagneuse et tectonique (pas la danse mais les plaques…). D’ailleurs la veille de notre arrivée un petit 6,2 sur l’échelle de Richter a salué notre arrivée proche…Autant dire qu’au 9ème étage de notre appartement nous avons bien vérifié où étaient les escaliers de secours.
Au cours de ces 3 jours, nous avons visité les quartiers de Santa Lucia,
Bellavista,
le centre ville et ses places et ses monuments comme le palais de la Moneda devenu le palais présidentiel.
L'universtité de Santiago
Ensuite, nous avons pris un bus pour Valparaiso. Ici c’est le moyen de transport collectif numéro 1. Les bus sont récents, avec un accompagnateur en plus du conducteur dont l’état physique est strictement réglementé (alcool, fatigue, temps de conduite, etc), on se sent donc en confiance, ce qui était loin d’être le cas au Vietnam…L’arrivée à Valparaiso, nom qui nous dit vaguement quelque chose en référence à un album de Tintin je crois, est plutôt bizarre car cette ville affiche nettement une splendeur et une décrépitude bien présente. La basse ville nous semble inquiétante et notre taxi monte des rues aux pentes dignes de San-Francisco jusqu’à une bâtisse sombre.
Après nous être assurés que nous étions à la bonne adresse, nous découvrons une auberge de jeunesse vétuste mais très propre "La casa Aventura" où nous ne tardons pas à croiser une famille d’allemands, des étudiants français, canadiens, anglais, un couple irlandais et un autre japonais.
C’est cette diversité que nous apprécions à chaque fois. La première après-midi, le soleil nous permet de prendre des photos de cette ville à l’architecture baroque et colorée, aux multiples influences étrangères.
En effet, Valparaiso était le passage obligé de tous les vaisseaux qui passaient le Cap Horn, notamment lors de la ruée vers l’or en Californie durant laquelle la ville était à son apogée. Malheureusement, la création du canal de Panama en 1910 sonna violemment le déclin de la ville. On peut d’ailleurs voire un bâtiment inachevé dans un coin de la place centrale, son promoteur l’ayant abandonné dès qu’il eut appris la nouvelle.
Nous aimons ces raccourcis historiques que nous a montrés Matt, un jeune américain tombé amoureux de la ville, ancien cuisinier qui a perdu son emploi le premier jour lors de l’incendie du restaurant dans lequel il travaillait (!) et qui, désormais, est guide «free lance ».
Il se met au milieu d’une place, propose ses services aux touristes qui veulent bien le suivre en totalité ou en partie dans une balade de deux heures et nous enthousiasme avec un professionnalisme et une passion rares.
Valparaiso est un paradis pour les photographes car tout est coloré, chatoyant…sous le soleil. Or celui-ci nous a fait défaut durant les deux autres jours sur place, cet ingrat.
Nous avons quand même visité la deuxième maison de Pablo Neruda,
déambulé dans les ruelles de la vielle ville qui recèle encore quelques pépites architecturales, découvert des graffitis d'une qualité exceptionnelle.
Valparaison s'est construit sur des collines et nous devons emprunter des ascenceurs en bois d'une autre époque par sans une certaine appréhension ...
Video
Nous nous sommes restaurés « Au Petit Filou de Montpellier » un restaurant tenu comme son nom l’indique par un languedocien bien de chez nous. Là nous avons rencontré Jean Christophe, un ostréiculteur de Bouzigues venu étudier les races d’huître chiliennes pour remplacer les nôtres dont la mortalité ne cesse d’augmenter.Une sympathique rencontre. Le soleil est bien entendu réapparu le matin de notre départ, mais pour rester sur le thème de la poésie, nous savons désormais « qu’il fait toujours beau quand les anges voyagent… » De retour à Santiago, nous avons passé notre dernière soirée à l’Hostal Rio Amazonia, un petit hôtel où nous avons été reçus très chaleureusement avec force Pisco Sour et empenadas, après être monté via un funiculaire impressionnant sur la plus haute colline de Santiago où se trouve une immense vierge blanche qui veille sur la ville.
C’est donc de l’avion qui nous emmène vers Punta Arenas au sud du continent que nous écrivons ces quelques lignes. Rendez-vous à deux pas d’Ushuaia. A plouch les djeun’s !
Une petite pensée pour Mouzy et son Juliiiiooooo .... toujours aussi beau ! Biz Sylvie