Après le spectaculaire, le fracas des chutes d’Iguazu, nous avons fait une halte à San Ignacio après quatre heures de bus.
Nous ne voulions pas manquer la Mission Jésuite de San Ignacio Mini. Plus que les ruines au demeurant magnifiques, nous voulions comprendre un peu plus pourquoi et comment des hommes ont eu assez de foi et de courage pour venir au milieu de la jungle convertir les indiens au XVI siècle.
Ce fut l’une des plus grandes expériences sociales de l’histoire. Ces reduccion (missions) ont été fondées pour évangéliser les indiens Guarani tout en les protégeant de l’esclavage et de l’influence néfaste de la société coloniale. Les trente reduccions de cette région regroupaient 100 000 Guarani, où vivaient seulement deux prêtres dans chacune qui n’ont imposé que la fin de la polygamie et le cannibalisme occasionnel…
La réussite la plus durable de ces sociétés autosuffisantes aura été d’ordre artistique car les indiens réinventèrent les cultures auxquelles ont les initia, notamment les sculptures, peintures, danses et surtout les chants si émouvants que l’on retrouve dans le film « Mission » (à ce sujet, je salue mon ami Pierre Joulia également fan de ce film comme moi).
Mais les pouvoirs espagnols et portugais, jaloux, finirent par bannir l’ordre des Jésuites et, une foi les prêtres partis, les missions tombèrent en déliquescence. Voltaire qualifia cet idéal utopique de « triomphe de l’humanité semblant racheter les cruautés des premiers conquérants ».
Le site est très bien conservé et les nombreuses bornes d’information (en français, si, si) sont très instructives.
Voilà pour cette émouvante visite qui restera dans nos mémoires. La réalité historique nous imprègne toujours plus quand on est sur les lieux, et un peu d’introspection sur le bien-fondé ou non de ces missions nous oblige à prendre de la distance par rapport à une pensée manichéenne.
Ce continent ne laisse décidément pas indifférent. Nous partons maintenant pour 17 Heures de bus, direction Salta.
A plouch les mouchachos !