Croyez-nous ou pas mais les 17 heures de bus pourtant en semi cama(à moitié allongé) sont passées comme une lettre à la poste et nous voilà frais et dispos à « Salta la linda »(Salta la belle),
la capitale du nord de l’argentine. Cette ville est touristique mais très agréable, avec son architecture coloniale et ses orangers qui bordent la place centrale.
Notre hostal « Casa de la Teresita » est aussi très agréable et parfait pour travailler.
Salta possède aussi plusieurs musées notamment sur la culture précolombienne que nous nous apprêtions à visiter mais ce jour-là c’était la journée portes-ouvertes dans tous les musées d’Argentine, mauvaise pioche car tous présentaient des queues interminables. Nous nous sommes donc retrouvés dans le quartier des penas (prononcer pegniasse) sortes de bodegas très animées avec des groupes musicaux locaux et regroupées dans une rue remplie de stands sympas qui nous ont fait oublié notre déconvenue culturelle du jour.
Autre compensation, les parillas, restaurants de viandes grillées, sont nombreux et d’excellente qualité et nous comprenons que les argentins mangent en moyenne 70kg de viande par an au lieu de 20kg pour les français…Nous finissons par rêver d’une simple ratatouille, de haricots verts frais et de fruits de saison ! Nous avons fini par trouver un musée privé ouvert le lundi (Musée des arts précolombiens) qui recélait une collection impressionnante d’objets et de tissus incas, aztèques, mayas d’une rare beauté, avec des gens passionnés, un peu « space » mais passionnés. Et il y a de quoi tant l’histoire de cette région et ces cultures sont riches et surprenantes.
Après quelques jours à Salta nous avons loué une voiture et avons mis le cap au sud en direction de Cachi. En route nous avons rencontré un jeune israélien de 25 ans qui voyage seul en faisant du stop (!) et avec qui nous avons bien échangé. Il faut vraiment avoir cet âge pour parcourir le monde en prenant autant de risque… La route pour Cachi est impressionnante
car on monte à plus de 3000m d’altitude sur une route en terre au milieu de grands cactus magnifiques, et des grands comme ça on en trouve pas chez Truffaut !
Les paysages sont superbes et étonnants avec ces sentinelles aux épines qui brillent au soleil couchant.
Est-ce l’altitude mais les enfants profitent d’un arrêt photo pour se lâcher, danser sur cette route si droite au milieu de nulle part et font ce qu’ils ont toujours rêvé de faire : s’allonger au milieu de la chaussée…
Nous n’osons même pas imaginer ce que ce sera quand nous passerons la barre des 4000m en Bolivie !
Donc, les grands cactus nous ont accompagné jusqu’à Cachi,
mais aussi les piments rouges qui sèchent au soleil de ce désert en altitude avec leur belle couleur rouge telle qu’on peut la trouver au Pays Basque.
Ce village au pied des montagnes est vraiment typique, tous les habitants sont des indiens très typés, complètement indifférents à notre présence, mais moins à celle de la police qui sillonne les rues sans que nous sachions si c’est normal ou exceptionnel. Mais nous trouvons que le nombre de policiers est important au regard de l’importance du village. En fait, nous nous apercevons que sur tous les sites touristiques la police est bien visible, ce dont nous n’avions pas l’habitude jusqu’à présent.
De Cachi nous continuons notre route vers le sud via une route ou plutôt une piste qui longe une vallée presque asséchée. La poussière est telle que nous la sentons à l’intérieur de la voiture même les vitres fermées.
Les maisons que nous rencontrons sont en briques de pisée, souvent délabrées, rarement habitées, sur des kilomètres de quasi désert.
Les rares animaux que nous croisons sont un petit renard du désert
et plus loin un serpent maousse-costaud d’un mètre cinquante qui traversait devant nous, une raison de plus pour ne pas nous éloigner en dehors de la piste quand nous prenons des photos…
La piste devient vraiment « dakkaresque »lorsque nous découvrons le village de Molinos, sa superbe église andalouse et son hacienda, havre de paix et de de bon goût, superbe demeure au style argentin aristocratique dans laquelle nous allons manger un repas inespéré dans ce désert, une vraie bonne surprise.
Plus loin les roches sont de plus en plus torturées et belles et soudain une nuée d’oiseaux envahie la route comme dans le film d’Hitchcock.
Ces oiseaux sont de magnifiques perroquets vert et bleus qui squattent les fils électriques sur des centaines de mètres. Ils font un boucan d’enfer mais quel spectacle !
Enfin, nous arrivons à Cafayate, en traversant des vignes immenses car la région est connue pour ses crus parmi les meilleurs d’Argentine, hummmm.
D’ailleurs dès le lendemain nous visitons une winerie (ou bodega) dans laquelle nous avons dégusté le meilleur vin rouge de notre voyage, mais à plus de cent euros la bouteille, cela s’explique.
Mais bon sang quel vin ! Après cette dégustation avec modération, nous avons découvert les sites géologiques spectaculaires « l’amphithéatro » et « la gorge del diablo », toujours sous un soleil chaud juste comme il faut.
En remontant vers le nord nous nous sommes arrêtés dans un boui-boui pour manger et nous avons voulu tester les spécialités locales : les humitas, pâte de maïs et fromage cuite à la vapeur dans une feuille de maïs, et les tamalès, boule de pâte de haricots blanc fourrée d’une bouillie de viande non identifiée. Je ne sais pas si nous sommes mal tombés ou si leur goût était vraiment authentique, toujours est-il que nous n’avons pas pu les manger et notre paquet de chips que nous avions négligé jusque-là nous a paru soudain succulent.
Après une longue route, goudronnée celle-là, nous avons passé la nuit à Jujuy (prononcer Rourouille !) une ville au nord de Salta, très jeune, très animée d’autant plus que c’est la fête de l’indépendance de l’Argentine. C’est drôle de penser qu’il y a un peu plus de deux cents ans ce pays n’existait pas, ou plutôt cette nation, car ces terres étaient habitées par des civilisations développées depuis bien longtemps. En continuant vers le nord le paysage change et les montagnes se teintent de vert, de rouge, de rose, de jaune, une vraie palette de peintre, une merveille.
Une halte à Pourmamarca nous permet de voir de plus près ces étranges couleurs, et le village est resté typique.
Nous arrivons ensuite à Tilcara où là aussi la fête de l’indépendance bat son plein pour notre plus grand bonheur car c’est un vrai défilé : des « caballieros »en tenue, avec et sans leur cheval,
des mamies qui arborent avec fierté leur drapeau aux couleurs nationales
et des jeunes filles en costumes, superbes.
Nous continuons le lendemain jusqu’à 2900m d’altitude à Humahuaca, une bourgade avec un drôle de monument gigantesque à la gloire de l’indépendance et un rite étonnant : à midi pile, chaque jours sur la façade d’une église apparaît un automate en forme de prêtre Saint Auguste qui vient bénir les dizaines de fidèles et touristes qui se massent avec ferveur, comme un coucou qui sortirait de son horloge. Etrange.
Nous avons aussi trouvé d'où provenait la photo du guide Lonely Planet ...
Au retour vers Tilcara, les paysages continuent de nous étonner comme ce cimetière qui trône sur une bute et les roches toujours plus colorées.
Nous finissons en beauté notre périple au nord par une balade avec des lamas dans les hauteurs de Tilcara.
Ces animaux sont marrants, affectueux ou bagarreurs, n’hésitant pas à cracher sur tous ceux qui les importunent.
Les enfants sont enchantés par cette rencontre et notre balade fut une réussite avec un guide super gentil dont le grand père corse avait fait fortune ici jusqu’à posséder 30 000 ha de terres et 3 000 chevaux ! Incroyable.
Un accueil chaleureux dont nous nous souviendrons.
De retour à Salta, nous visitons enfin ce fameux « Musée d’archéologie de haute montagne »qui présente entre autre une incroyable momie d’enfant Incas trouvée en 1999 au sommet du volcan Llullaiaco. Trois momies d’enfants ont été retrouvées sur cette plateforme cérémoniale dans le cadre d’un rituel connu sous le nom de Capacocha. Ceux-ci sont présentés de manière très respectueuse et leur contemplation est très émouvante tant les corps sont bien conservés grâce à la cryopréservation. Cette technique recrée les conditions des lieux où ils ont été retrouvés : basse pression atmosphérique, faible taux d’humidité, basse température et stabilité thermique dans un environnement aseptique.
(Photo récupéré sur Internet car la prise de photos était interdite)
Un TRES grand moment ce musée. Cette région est vraiment riche et nous en avons pris plein les yeux.
A bientôt les Mouchachos !